






http://www.francoisleclercq.fr/
‘… the passion for improvisation, which demands that space and opportunity be at any price preserved. Buildings are used as a popular stage. They are all divided into innumerable, simultaneously animated theatres. Balcony, courtyard, window, gateway, staircase, roof are at the same time stages and boxes.’
Walter Benjamin, ‘One Way Street’, 1924
J’ai souvent pour habitude de dire que l’urbanisme m’inspire l’image d’une science bâtarde, à mi chemin de tout. Jamais tout à fait ceci, ni tout à fait cela, l’urbanisme paraît souvent hésiter, tiraillé par la complexité de sa position. La « science urbaine » ce n’est pas tout à fait de la ville, ce n’est pas non plus de la sociologie, de l’économie ou encore de l’environnement . En fait, l’urbanisme pourrait être tout et rien à la fois (vivant et mort , comme le chat de Shrödinger), une nébuleuse, un amas abscons de choses et de composants, une véritable cuisine de mousquetaires, dont seule Maïté semble connaître le liant qui marriera justement, l’ensemble des ingrédients.
Comme pour ne pas arranger les choses, l’urbaniste de cirque doit la plupart du temps jongler avec des termes dont il ignore presque, sinon complètement, la sémantique et le sens originel. L’idée de « ségrégation » en est de cela, en est tout particulièrement de ces mots qui disent ce que chacun veut bien entendre ou voir à son irruption, là, au hasard d’un débat, d’une discussion. Est-ce que l’on parle de ségrégation sociale, spatiale ou bien d’un peu des deux; de socio-spatiale? Et si j’oublie la raciale, est-ce que je fais de la ségrégation? En fait, une ségrégation accompagne souvent l’autre, sans que cela ait valeur de vérité. Dans l’Exposition coloniale, Erik Orsenna nous donne à voir la ville de Londres sous l’angle de la ségrégation socio-spatiale:
« Très vite, il distingua les trois villes juxtaposées qui constituent Londres. A l’est, le port. Au centre, les banques. A l’ouest, vivaient les riches. A l’est grouillaient les choses et des pauvres si pauvres que les choses les avaient accueillis dans leur domaine. Au centre, régnait le papier, car les banquiers, préoccupés d’abord d’hygiène, n’avaient rien de plus pressé que de transmuer en assignats inodores le puant clapotis des choses. A l’ouest prospéraient les jardins où les riches flânent ».
La ségrégation spatiale ou socio-spatiale s’envisage aujourd’hui d’abord et avant tout dans son rapport au territoire de la ville. Dans son rapport à l’horizontalité. Erik Orsenna aborde ainsi la notion de juxtaposition d’entités spatiales dissociables les unes des autres du fait qu’elles incluent et rejettent tout à la fois (des fonctions, des populations, etc.). Dans la cité du futur, celle que nous présente la science fiction des films notamment, la ville sera moins américaine, horizontale, qu’elle ne sera verticale et dense à l’image de la ville hypertrophiée du 5ème élément de 1996; Epoque lointaine et bénit des dieux, ou Luc Besson réalisait encore de véritables films…
Dans la plupart des cas, la ville futuriste fonde son organisation et sa structure sur des réalités urbaines contemporaines du lieu et de l’époque à laquelle elle a été imaginée. Dans les années 20, la ville futuriste est esthétique, aseptisée et plus ou moins symbole de progrès (Métropolis de 1926). Passée la seconde guerre mondiale et les années 60 notamment, elle semble tout à fait autre chose. Plus sombre et décadente; c’est la ville de Blade Runner (1982). L’invariant de ces films et de ces époques, c’est la ségrégation qui se joue d’abord à la verticale. Dans de nombreuses oeuvres et longs métrages, la ville ne se décomposent plus en territoires horizontaux mais bien plutôt en tranches verticales, ou la ville haute est le siège de l’élite et ou la ville basse, celle des premiers niveaux et du substrat (villes souterraines dans Demolition Man), abrite les classes indigentes, les prolos et la misère (Métropolis, Blade Runner, Total Recall, Star Wars, Sin City, etc.).
Dans Les monades urbaines de Robert Siverberg (1971), les hommes habitant une planète surpeuplée, vivent au sein d’immenses mégalopoles érissées de grattes-ciel (les monades) de plus de mille étages et pouvant abriter près de 800 000 individus. La plupart ne connaissent que leur tour, voire pour certains, n’ont de monde que leur niveau. Ici la ségrégation et la dispersion des classes sociales à travers la ville s’effectue à nouveau à l’horizontale. Plus l’on grimpe, plus les hommes s’approche physiquement et spirituelement de Dieu.
Mais pourquoi au fait? Pourquoi les riches en haut et les pauvres en bas? Si la réponse ne tient assurément pas dans le fait que les riches supportent mieux que les autres le manque d’oxygène, elle ne tient pas non plus uniquement que de la symbolique et du parralèle domination sociale/ position élevée. En fait, si les riches, les pauvres et la classe moyenne (dont on ne parle d’ailleurs jamais dans les films de science fiction et dans la politique actuelle) sont là ou ils sont dans la ville du futur, c’est d’abord et avant tout à cause d’une histoire d’ascenseur et de nature humaine, par essence fainéante. Avant le début du XXeme siècle et la relative démocratisation de la technique de déplacement vertical, le schéma riche/pauvre, haut/bas au sein des villes étaient à l’inverse de ce qu’il est aujourd’hui (je vous laisse le soin d’opérer la transposition). Alors que les rez-de-chaussée et les premiers étages se destinaient à recevoir les classes les plus aisées et les plus faignantes de la société (l’image du bourgeois débordant de son costume), les hauteurs et les toits étaient le lieu des petites mains et des travailleurs de la ville. Au prix de l’effort physique, il faut croire que l’homme acceptait donc de s’abstraire de la symbolique.
Aujourd’hui dans les métropoles, les immeubles équipés d’ascenceurs sont souvent le reflet édulcoré de ce que nous présente la science-fiction urbaine. Les plus gros loyers sont à portée des nuages et du panorama, les autres se satisferont du bruit et de la pollution (l’image du painthouse new yorkais ou l’homme d’affaire, le riche, le puissant ou l’artiste domine et écrase la ville de son regard).
A l’heure actuelle, ou les débats s’orientent de plus en plus, bardés d’oeillères, vers la constitution d’une ville durable, compacte, mixte et souvent verticale (position que ne partagent pourtant pas les Verts ), il y a peut être des « chances » pour que la ségrégation deviennent moins spatiale et horizontale, que bientôt (qui sait!), aérienne et verticale.Josselin Thonnelier
http://www.urbanews.fr/urbanisme-et-science-fiction-la-segregation-sera-verticale-ou-ne-sera-pas.html
Ce qui rend l'architecture aussi problématique , c'est la fragilité de son aptitude à garantir le bonheur sur laquelle repose son droit à notre attention. Si un édifice attrayant suscite à l'occassion une humeur joyeuse, il y a des moments où les lieux les plus agéables sont incapables de dissiper notre tristesse ou notre misanthropie.
Nous pouvons nous sentir anxieux et envieux même si le marbre du sol sur lequel nous nous tenons a été importé d'une lointaine carrière, et si on a choisi un bleu apaisant pour peindre les châssis délicatement sculptés des fenêtres. Notre baromètre interne peut être insensible aux efforts qu'on a faits pour créer une fontaine ou une harmonieuse rangée de chênes. Nous pouvons avoir une dispute qui se termine par des menaces de divorce dans un bâtiment conçu par Geoffrey Bawa ou Louis Kahn. Les édifices nous invitent quelquefois à partager une humeur que nous nous trouvons incapables d'éprouver. La plus noble architecture peut parfois faire moins pour nous qu'une sieste ou un cachet d'aspirine.
L'architecture du bonheur , Alain de Botton
Comment replacer l'architecture contemporaine dans l'évolution générale des mentalités et des tendances politiques vivantes? Je ne veux pas qu'on la limite à des objets plus ou moins jolis, économiques ou photogéniques: mes propositions personnelles d'ailleurs, s'inscrivent dans un courant culturel ( ou politique) visant tranquillement l'écologie, elles contiennent mon refus fondamental de l'agressivité industrielle, ma culpabilité devant l'irrespect pour les autres cultures et pour les économies spontanées ou locales et mon ambition d'aider une société à démontrer ses complexités à travers son paysage urbain.
Je sais qu'actuellement , nous vivons encore, et particulièrement en Europe industriellement triomphante au milieu d'avalanche de projet d'urbanisme tayloriste et d'exploitation vulgaire des ressources naturelles (les habitants font partie de ces ressources!) et que pour pouvoir l'ignorer définitivement, le thème de l'écologie a été classé dans le romantismes et les nostalgies.
Lucien Kroll tout est paysage
Date de sortie cinéma : 15 décembre 2010
Réalisé par Banksy
Avec Rhys Ifans, Banksy, Thierry Guetta, plus
A propos de Bigness, ou le problème de la grande échelle, de Rem Koolhaas paru 1994 dans le premier numéro de la revue Criticat.
Dans la Bigness, la distance entre le cœur et l'enveloppe s'accroît tellement que la façade ne peut plus révéler ce qui se passe à l'intérieur. C'en est fait de l'exigence humaniste de « sincérité » : l'architecture d'intérieur et l'architecture d'extérieur deviennent deux projets séparés, l'un ayant affaire à l'instabilité des besoins du programme et de l'iconographie, tandis que l'autre – agent désinformation – offre à la ville l'apparente stabilité d'un objet.
Alors que l'architecture révèle, la Bigness mystifie; la Bigness transforme la ville d'une somme de certitudes en accumulation de mystères. L'habit ne fait plus le moine.
Rem Koolhaas, Junkspace - Bigness
Lieu : Bordeaux
Dates :10 juil. 2008
Construction : Livraison février 2009
Architecte : Hernandez Patrick
Nous (les architectes) donnons parfois l'impression d'encourager à tout prix la petite propriété de type «Attention! chien méchant». Il faut être clair! Les grandes machines à déraciner qu'on été les HLM sont si puissantes, imposent si durement un comportement que nous croyons que seul, celui du «petit bourgeois» sera assez enraciné pour y opposer résistance. Les nains de plâtres des jardins contre les préfabriqués géants?
Où est ma culture personnel?
Ce n'est pas important à ce niveau: ma vie est d'abord celle d'une ville non celle des objets solitaires. Et en fin d'opération nous n'avons aucune frustration à voir les habitants continuer le mouvement : cela devient un travail commun, même l'artiste s'y retrouve. Il n'y pas longtemps que les architectes s'occupent d'habitation populaires, il ne s'y sont pas encore bien faits. C'est là que commence l'écologie urbaine.
TOUT EST PAYSAGE Lucien Kroll