mardi 8 mars 2011
Cité subjective
À cet égard, une reconversion écosophique des pratiques architecturales et urbanistiques pourrait devenir tout à fait décisive. L’objectif moderniste a longtemps été celui d’un habitat standard, établi à partir de prétendus « besoins fondamentaux déterminés une fois pour toutes .» Je pense ici au dogme qu’a constitué ce qu’on a appelé la « Charte d’Athènes », en 1933, représentant la synthèse des travaux du CIAM (Congrès international d’architecture moderne) dont Le Corbusier donna une version commentée, dix ans plus tard, et qui fut le credo théorique de plusieurs générations d’urbanistes. Cette perspective de modernisme universaliste
est définitivement révolue. Les artistes polysémiques, polyphoniques,que doivent devenir les architectes et les urbanistes, oeuvrent avec une matière humaine et sociale qui n’est pas universelle, avec des projets individuels et collectifs qui
évoluent de plus en plus vite et dont la singularité — y compris esthétique — doit être mise à jour à travers une véritable maïeutique, impliquant, en particulier, des procédures d’analyse institutionnelle et d’exploration des formations subjectives
inconscientes. Dans ces conditions, le dessin architectural et la programmation urbanistique doivent être considérés dans leur mouvement, dans leur dialectique. Ils sont appelés à devenir des cartographies multidimensionnelles de la production de subjectivité.
Les aspirations collectives changent et changeront demain de plus en plus vite. Il convient que la qualité de la production de cette nouvelle subjectivité devienne la finalité première des activités humaines, et, à ce titre, des technologies appropriées doivent être mises à son service. Un tel recentrement n’est donc pas seulement affaire de spécialistes mais requiert une mobilisation de toutes les composantes de la « Cité subjective » .
FÉLIX GUATTARI
http://www.revue-chimeres.fr/drupal_chimeres/files/17chi07.pdf
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