mercredi 2 mars 2011

Transformer le passé pour le rendre contemporain


«Longtemps les architectes ont considéré que ce qu’on appelait la réhabilitation ou la restauration n’allait pas dans le sens de la modernité. Moi, quand je suis sorti de l’école, j’avais décidé de ne pas construire et de ne faire qu’un acte d’entretien ou de transformation. Et contrairement à ce que pensent les architectes, quand vous transformez un bâtiment existant, vous parlez plus d’architecture que quand vous construisez un bâtiment neuf. Car dans ce cas vous faites un acte d’autorité sur une collectivité en faisant croire que vous êtes le seul à pouvoir faire cet acte de construction et que toute critique serait une atteinte à la liberté de création. Alors que quand vous réhabilitez, réparez ou restaurez un bâtiment, vous avez comme interlocuteurs le futur usager ou le commanditaire, l’architecte qui est donc le transformateur, et aussi un troisième qui est le bâtiment existant qui se met sans cesse devant vous et vous dit: j’ai été construit avec tel matériau qui n’existe peut-être plus aujourd’hui, alors faut-il le garder, le remplacer ou le recycler ? Je suis contre la table rase et pour la transformation des choses qui existent. Pas pour tout garder sous prétexte que le passé est indispensable, mais au contraire pour le transformer et faire qu’il devienne contemporain. C’est pourquoi j’ai souvent utilisé des bâtiments ou des œuvres d’art pour «mettre en scène» ma méthode».

Patrick Bouchain : une architecture humaniste et libertaire

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